Prix de la vocation
BESSON
Cheffe d'orchestre
L'écriture a d'abord été un exutoire, puis une manière d'être au monde, avant d'être maintenant, et j'espère pour toujours, vitale.
Cependant, il m'a fallu du temps pour concevoir que l'écriture n'était pas morte avec les écrivains qui m'ont précédé, qu'il m'était possible de les imiter, d'écrire, de m'inscrire dans leur suite, comme les chanteurs continuent de chanter et les danseurs de danser sans prétendre à remplacer les précédents. Il m'a fallu également beaucoup d'audace pour penser que je pouvais devenir écrivain devenir comme ceux dont j'avais lu et aimé les textes, devenir comme Camara Laye, comme Yambo Ouologuem, comme David Mandéssy Diop, comme Victor Hugo ou comme Louis-Ferdinand Céline..
J'écris les vies que j'aurais pu vivre, que j'aurais aimé vivre, que je pourrais vivre, toutes les vies que j'ai rarement vues dans les romans lus et aimés, lus et détestés, ou tout simplement détestés.
Le Prix Littéraire de la Vocation est un accélérateur, une sorte d'appui pour rester en équilibre. Il m'offre la sécurité financière nécessaire à l'écriture de mon prochain roman, et des suivants."
"J'écris avec les sensations, les bruits, les odeurs, avec la texture des choses. Je crois que les sensations se partagent parfois plus facilement que les idées, et qu'on peut lier les deux en poésie pour parler du monde autour de soi.
J'écris avec le bruit. Je suis en premier lieu plus sensible au rythme des mots qu'à leur signification. Mon écriture est une recherche d'équilibre entre le sens et le son. J'écris souvent à haute voix. Un élément qui compte beaucoup pour moi en poésie, c'est la répartition du texte sur la page. Je vois celle-ci un peu comme une partition, où les distances entre les mots donnent le rythme de lecture, comme les espaces entre les notes donnent des indications de vitesse. Je travaille toujours simultanément avec les mots, les sons et l'espace de la page.
J'ai beaucoup de chance de recevoir le Prix de la Poésie de la Vocation. C'est un rêve qui se réalise. Merci pour ça."